La galerie des Petits Maîtres. Cette galerie est dédiée à tous ceux qui appliquent le règlement.

Dans cette belle et grande galerie splendidement garnie de tentures rouges sont placés divers tableaux évoquant les maîtres de la connerie à la petite semaine, c'est tellement petit qu'on étudie cet aspect de la connerie universelle grâce à des spécialistes en microconnerie. C'est une discipline exigeante qui demande de la patience et de la précision car les microconneries sont très répandues, très nuisibles mais pas très visibles.

Bref, rien ne vaut un exemple.

Premier tableau:

le C4:formidable peinture dans le style de la chute d'Icare.

En ce temps là, un scientifique, universitaire, la quarantaine ,vient à perdre son emploi après 18 ans de bons et loyaux services dans le domaine de la biologie médicale.

Deuxième tableau:

L'erreur. C'est une belle peinture, un peu triste, le ciel qui s'obscurcit dans le fond est très bien rendu.

Une employée d'un service de chômage annonce au scientifique déchu, comme il approche de la cinquantaine, qu'il ne devra plus s'inscrire comme demandeur d'emploi ( après cinquante ans, on n'est plus repris dans les statistiques) et le chômeur néophite le croit.

Troisième tableau :

La correction. c'est comme Napoléon à Austerlizt, c'est le triomphe du bon droit qui est ici évoqué par l'artiste avec la fougue de celui qui vient de s'éveiller après une longue nuit de sommeil profond.

"Depuis un an et 7 mois ,vous n'êtes pas en règle administrativement. Vous devez tout rembourser" !!!

Quatrième tableau :

La bataille. Magnifique évocation de la lutte acharnée et inégale entre le bon sens et l'aveuglement définitif.

Le chômeur scandalisé (et ruiné) porte plainte devant le tribunal adéquat.

Cinquième tableau:

La surdité:

LE TRIBUNAL EST COMPOSE EXCLUSIVEMENT DE PERSONNAGES ATTEINTS DE SURDITÉ GALOPANTE ,IL DÉCRÈTE QUE LE CHÔMEUR DOIT REMBOURSER . C EST LE RÈGLEMENT!

- NÉGLIGENCE DES SERVICES CONCERNES ???

- DÉLAIS DE RÉACTION SCANDALEUSEMENT LONGS ???

- RÉCLAMER AUTANT D'ARGENT A CELUI QUI N'EN  GAGNE PLUS ??

- IMPOSTURE VIA A VIS DE CELUI QUI A COTISE TOUTE SA VIE POUR LES AUTRES CHÔMEURS ??

- COMMENT DITES VOUS ? JE N 'ENTENDS POINT. C EST SANS DOUTE LE BRUIT ASSOURDISSANT DU RÈGLEMENT QUI NOUS EMPÊCHE D' ENTENDRE !

Sixième tableau :

L'appel : une vraie toile de Maître évoquant si bien le formalisme formaliste puissance 10.Le côté tragique surtout, est bien rendu.

En appel, la cours décide suprêmement de ne pas décider. Les conclusions du plaignant ayant été remises hors délais, la cour ne peut se prononcer.Ainsi le monde judiciaire s'intéresserait uniquement à la forme, quand au fond, connaît pas!

Septième tableau :

Syndicat : n'hésitons pas à l'affirmer chers visiteurs, nous sommes ici face à un chef d'oeuvre à la fois de l'art pictural et à la fois de la connerie cristalline. Remarquez les tons rouges vifs qui évoquent à merveille le ton syndical et la tragédie de l'aveuglement.

Le syndicat au lieu de défendre son affilié, envoie au tribunal, puis à la cours, un avocat contre son membre !!

En effet, le syndicat ,ayant versé sans vérification les indemnités ,doit maintenant rembourser le service du chômage. Le responsable syndical se laisse embobiner dans cette manoeuvre douteuse de la part du service du chômage qui pouvait réclamer directement à l'ayant droit mais en ce cas l'avocat du syndicat serait intervenu dans l'autre sens.

C'est le drame, bien connu des soldats américains : le tire ami, aussi mortel que le tire ennemi mais nettement plus râlant.

Huitième tableau :c'est une petite toile, toute petite mais d'une grande valeur.

La confidence ou la tardive lucidité :L'avocat du syndicat ,dépéchée devant la cours, dit à l'oreille du plaignant: "je suis avec vous"!! Sans effet bien sûr puisque la cours ne veut rien entendre.

Neuvième tableau:

La Ministre :   Jolie toile , c'est un portrait vif et amusant.

La Ministre concernée et interpelée décide d'attendre le jugement de la cours .

Cette affaire a duré ,en tout, dix ans (120 mois)!

Dixième tableau:

Le pantalon: c'est un pantalon rouge qui ,encore aujourd'hui ,fait rougir de honte l'armée française.

Pas méchants au fond, tous ces braves gens ont appliqué le règlement.

Ça me rappel évidemment la tragique histoire d'un soldat français de la guerre 14-18 qui refusa de mettre le pantalon d'un mort.

Que dit le règlement ? refus d'obéissance devant l'ennemi = peine de mort (fusillé). Et le règlement fut appliqué !

Des dizaines d'années plus tard, le malheureux soldat fut réabilité, son nom fut ajouté sur le monument des victimes de la guerre et un très beau film fut réalisé sur le sujet et programmé sur les chaînes de télé.

Je compte aller bientôt en France et fleurir la tombe de cette victime des règlements qui empèchent de réfléchir.

Mesdames, Messieurs,remarquez en sortant de cette galerie l'affiche réalisée par un artiste bénévol et anonyme:

La connerie ne passera pas!...

....enfin, en fait, elle est déjà passée

             et a fait les dégats que l'on sait !